64ème Festival international du court-métrage Oberhausen

03/05/2018 - 08/05/2018
Oberhausen

Lors des Journées internationales du court métrage à Oberhausen 2018, le jury œcuménique a décerné son prix, doté de 1500€, au film chinois "Magnificent Obsession". Elle a accordé en outre deux mentions spéciales, une à "Erh Hao Chiu Yi" (Sur liste d’attente) de Taïwan, et une à "Caterpillarplasty" du  Canada.

Dans la sélection jeunesse  le jury a recommandé la contribution allemande, "Carlotta's Face" pour une acquisition par les distributeurs chrétiens Matthias-Film et Filmwerk catholique.

Le grand prix de la ville d’Oberhausen est allé au film lituanien "Dėmės ir įbrėžimai" (Tâches et rayures) de Deimantas Narkevičius, le prix principal à "Hirografo" (Manuscrit) d’Eva Stefani de la Grèce.

La Fipresci a primé la contribution russe, "Gimny Moscovii" (Les hymnes de Moscou) de Dimitri Venkov.

Les journées internationales du court métrage on été ouvertes le 3 mai 2018. Le jury œcuménique décerne son prix à un film de la compétition internationale et recommande un film de la sélection jeunesse. Le festival programme en outre trois autres section (compétition allemande, compétition du Land Nord-Rhein-Westfalen et compétition du meilleur clip vidéo).

A côté des différentes compétitions existent de nombreux autres programmes. "Thema" présente sous le titre "Au-revoir au cinéma - Knokke, Hamburg, Oberhausen (1967-1971)" des travaux sur une culture cinématographique alternative, en dehors du système établi. "Profile" livre des portraits de différents réalisateurs ou institutions cinématographiques. La section "Archive" présente les façons d’archiver et restaurer des films expérimentaux. A l’intérieur de cette section il y avait cette année la série "re-selected", consacrée à l’importance et la transmission de certaines copies analogiques en tant que témoins de l’histoire du cinéma. "Labs", une nouvelle série, s’est consacrée également au film analogique pour présenter des mouvements culturels qui s’élève contre le processus généralisé de digitalisation.

Liens:

Le site du festival

La page du festival sur le site de Pro-Fil

Prix

Réalisé par :
2018

Il s’agit d’une question politique et sociologique de notre époque, celle de la relation entre l’individu, la communauté et la société, celle de savoir comment l’individu peut vivre en leur sein. L’œuvre de Zhong Su raconte la quête de connaissance et de transcendance de l’individu dans la Chine actuelle en déployant la réalité environnante dans un kaléidoscope à travers trois perspectives synoptiques. Il commence par le « paysage » du présent et de se réalité technique, sociale et socialiste-capitaliste en tant que monde sous la surface. Il continue avec le monde des « passions » qui raconte les rêves et les dogmes de la société, avant que « l’histoire » ne compose l’ensemble à travers le temps et ses propres cohérences. Les deux, société et individu, sont reliés en leur destin intime par leurs grandes et grandioses obsessions. Dans un quatrième chapitre, Zhong Su conclue par une interprétation de cette réalité sous le titre « Adaptation » : sur le point formel basé sur le livre « Livre de sable » de J.L. Borges, mais le titre se réfère à la vie de l’individu en tant que confrontation, adaptation et transformation de la réalité qui l’entoure et sa quête pour la dépasser. Il ne trouve pas son obsession dans des écrits traditionnels mais dans de nouveaux écrits sacrés infiniment précieux que constituent ses rencontres.

Sa quête obsessionnelle d’expérience du soi à l’intérieur d’une réalité qui invite au dépassement de celle qui se donne au prime abord  se fait mystique pour accéder à une nouvelle connaissance de soi. Mais celle-ci ne mène pas vers un au-delà de soi : le soi reste le terme de sa propre connaissance obsessive. Une œuvre d’art épique.

Auf der Warteliste
Sur liste d'attente
Réalisé par :
2017

Le chemin sans fin pour devenir adulte signifie se déployer. La salle d’attente de la vie est remplie du désir de se dépasser. On ne saurait apprendre à vivre dans la réalité avec ses propres limites sans pouvoir compter sur l’amitié, à la fois comme comparaison, soutien et source de malheur. Erh Hao Chiu Yi  est un portrait réussi et intense du défi de l’amitié, du tenir-ensemble, du vivre-ensemble, entre compétition, ambition, médiocrités et talent de deux jeunes femmes sur ce chemin.

Réalisé par :
2017

« Aliénation » signifie à la fois la perte de son for intérieur et un abandon de l’individualité d’un humain. La pression de notre temps d’être toujours au top contraint à la perfection comme norme d’une promesse de beauté. Elle est suggérée dans la révélation de sa propre beauté, mais celle-ci se dégrade en un persiflage de soi-même, lisse, sans personnalité, glissante. Caterpillarplasty est un chef-d’œuvre dans sa forme et son intention, le portrait sombre et fascinant, image sur papier brillant d’une prétendue beauté.

2018

Le monde de Carlotta est marqué par une limitation physique. Les images animées de ce court métrage illustrent de façon merveilleuse l’histoire impressionnante d’une femme qui n’arrive pas à reconnaître des visage, son chemin à travers l’école et la vie, en épousant sa perspective sur son monde à elle. Ce court métrage plein de dignité et sans préjugé réussit à faire ressortir l’impossible vision d’une image de soi tout en en peignant un portrait plein d’amour, sans la réduire à un objet de pitié. Le film fait apparaître sa protagoniste comme une femme forte qui trouve des chemins pragmatiques vers les autres et elle-même. Il la représente comme une fleur qui rappelle sa coiffure dans la vraie vie ainsi qu’à sa situation sans défense dans de multiples situations – comme sa beauté, sa fragilité, sa vulnérabilité.

Un film touchant sur les défis d’une construction de soi, d’une image de soi et de nos relations sociales, évidentes qu’en apparence. Un bijou qui déconstruit l’importance du visage dans notre culture, depuis les images langagiers,  à travers les selfies jusqu’à l’interdiction des idoles, pour mieux la reconstruire ensemble.