Ida

Ida


Ce film est comme une révélation, une traversée troublante, à la limite du cauchemar, dans une Pologne hantée par ses vieux démons. Toutefois, il ne verse jamais dans le pathos, et c’est tant mieux. Anna va apprendre que ses parents étaient juifs, et qu’ils ont mystérieusement disparu pendant la guerre. On admire la rigueur ascétique des plans et des cadrages (étrangement les visages sont souvent sur le bord du cadre, comme s’ils étaient prêts à passer hors-champ), la caméra est fixe pendant toute la période du voyage « initiatique » d’Anna dans le passé, jusqu’au déterrement des cadavres des parents assassinés. Le travail cinématographique est minutieux et hautement signifiant. Le réalisateur explore, à l’aide de la jeune Anna, les « lieux » de la société polonaise, avec un point de vue « photographique » de l’aveu même de Pawlikowski : le couvent gris et froid, les policiers corrompus, le meurtre des parents par le voisin . Anna, le visage ferme et attentif, affiche sa détermination, son désir d’aller jusqu’au bout de l’aventure (et de l’horreur), comme s’il était dit qu’explorer le passé est nécessaire pour vivre au présent. Wanda, la tante, est brune et belle comme Anna, elle a vécu l’engagement politique au temps du stalinisme, et surtout goûté à la vie de femme libre, qui fume et boit comme un homme, et change d’amants comme elle respire. Elle décide d’aider Anna dans sa quête. Sa relation bourrue et rejetante se révèle peu-à-peu d’une grande profondeur.

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